Tambours à fente

Les tambours à fente sont sculptés dans des troncs d’arbre à pain (artocarpus altilis) en raison de leur abondance et de la bonne sonorité induite par les caractéristiques de ce bois. Le tambour comporte un pied qui permet de le «planter » dans le sol. Le corps est évidé, et fait fonction de caisse de résonnance. La fente permet d’introduire les outils pour le creuser et laisse échapper les sons, qui sont obtenus en frappant les flancs du tambour avec un bâton.
La tête ou parfois les têtes présentent une coiffe constituée de plusieurs rangées de cubes épointés. Cette coiffe se termine sous le menton par la représentation de deux dents de cochon qui forment chacune un cercle. Ces deux dents représentent les défenses de certains cochons dont les canines supérieures ont été enlevées. Ces défenses poussent ainsi sans rencontrer de résistance et peuvent former un cercle,  voire deux, augmentant la valeur du cochon. L’ échange de ces cochons est d’une grande importance dans les rites sociaux et coutumiers ni-Vanuatu, c’est ce que rappelle la présence de ces dents sculptées sur le tambour.
Un front haut, des yeux en forme de disque et un nez proéminent forment un beau visage stylisé.
Ces tambours sont à la fois des instruments de musique et des moyens de communication. Ils symbolisent également un ancêtre important qui devient un personnage central lors des cérémonies qui se déroulent sur le « natsara »,  magnifique place de danse et lieu cérémoniel réservé aux rites.


Tambour à fente patiné par le temps

Ces grandes sculptures dégagent une impression de puissance et de sérénité. Leur taille est spectaculaire, ils sont aussi très apaisants, rassurants et protecteurs.
D’anciens tambours sont visibles au musée du quay Branly, ceux d’aujourd’hui leur sont très fidèles.
L’utilisation de ces tambours est aujourd’hui encore réelle mais considérablement réduite depuis plusieurs dizaines d’années. Le marché occidental de l’art  a manifesté très tôt un fort intérêt pour ces objets,  cet intérêt n’a pas échappé aux habitants d’Ambrym. Il serait donc inexact de nier l’existence d’une production régulière de tambours pour répondre à cette demande. Cependant cette production reste confinée à quelques villages du nord d’Ambrym. Elle est strictement régie par des règles coutumières qui accordent à certains le droit de les sculpter,  de les posséder ou de les vendre. Il a été trouvé une sorte de compromis entre la coutume, ses rites et traditions et une production à des fins marchandes génératrice de revenus pour tout le village.
L’effet produit par un grand tambour (leur taille varie entre 1.5 et 5m) dans un jardin, sur une terrasse, au bord d ‘une piscine ou même en intérieur, est saisissant. Œuvre d’art, sculpture, statue, gardien, objet culturel, objet de décoration, il est tout cela à la fois.



Grand tambour à Fanla, Nord Ambrym, novembre 2011, photo David Godreuil